Qui sème le vent…. ? Qui récolte la tempête …. ?
Si l’Etat d’Israël avait accepté de respecter la ligne verte de 1967 comme exigé par la communauté internationale et respecté les Conventions de Genève dont il est signataire, aurait-il eu besoin d’évacuer des colonies?
La simple observation des faits et des modifications apportées à la carte de la Palestine atteste de l’expansionnisme colonialiste d’Israël. 46% du territoire de la Cisjordanie est occupé par des colonies, des zones de sécurité et de protection ainsi que par des routes réservées aux colons. Sharon l’a redit récemment : « La colonisation se poursuivra et se renforcera. En Cisjordanie (grands blocs de colonies, Vallée du Jourdain et Jérusalem), au Golan et la judaïsation de la Galilée sera accélérée ».
Deux raisons ont poussé au désengagement de la bande de Gaza. Elle était devenue difficile à gérer :16’000 soldats devaient assurer la sécurité de 8’000 colons. Le désengagement permettait à Sharon de redorer son blason auprès de la communauté internationale et de poursuivre son plan d’annexion du côté de la Cisjordanie en toute quiétude. En Cisjordanie, il ne faut pas l’oublier, 250’000 colons se sont installés, en plus des 200’000 autres qui vivent dans la partie occupée de Jérusalem Est.
40 % du territoire de Gaza n’est plus qu’un tas de gravats, de no man’s land à remettre en état pour l’agriculture comme pour la construction. Les 1.3 million de Palestiniens habitaient jusqu’à septembre sur les 220 km2 restant. La densité moyenne se situait autour de 5’500 habitant au km2 et dans certains camps de réfugiés, cette densité atteignait 30’000 habitants au km2. Ces espaces surpeuplés sont devenus invivables, sans services, ni espaces verts. Un véritable désastre qui nécessitera énormément d’investissements et de temps pour pouvoir être récupérés.
Le désengagement de Gaza s’est fait unilatéralement, sans négociation. Les colons, lors de leur évacuation, ont détruit les centrales et le réseau électrique, les réseaux d’alimentation et d’évacuation des eaux, les anciens puits. Bien que le fait de pouvoir enfin circuler librement et de disposer de son temps soit très positif pour les Gazaouis, ils n’ont toujours pas de possibilité d’établir leur propre souveraineté.
Les bulldozer Israéliens ont détruit la piste d’atterrissage et les avions ont bombardé la tour de contrôle de l’aéroport en 2001. L’ouverture de la frontière avec l’Egypte dépend encore du bon vouloir d’Israël. Le seul point d’entrée ou de sortie de Gaza est le “check point” d’Erez où les passages sont extrêmement restrictifs. Le ciel est contrôlé par des dirigeables, des F16 et des hélicoptères et la mer est surveillée par des navettes qui mouillent à quelques kilomètres de la côte. Comment Gaza peut-elle se développer, sans le contrôle de ses frontières, sans la maîtrise de son commerce extérieur ou de ses nappes phréatiques tout en dépendant à 90% de l’électricité d’Israël ?
Le projet pour la Cisjordanie est très bien défini par le tracé du mur qui annexe environ le 46% du territoire dont les zones les plus fertiles à l’est et à l’ouest. Ce plan consiste en la création de trois bantoustans : celui constitué de Qalqiliya, Naplouse, Tulkarem et Jenine au nord, celui de Ramalah et Jérusalem au centre et enfin celui de Bethléem et Hebron au sud. Le passage d’un bantoustan à l’autre sera soumis au contrôle des forces d’occupation israéliennes.
Tous les Palestiniens que nous avons rencontrés, lors de notre voyage, percevaient avec beaucoup d’espoir, mais aussi avec d’inquiétude, les prochaines élections législatives. L’espoir était placé dans la légitimité qu’apporterait l’élection. Légitimité qui rendrait la allégation Israéliennes, sur l’inexistence de partenaires palestiniens valables pour établir une paix négocié, plus difficile à tenir.
Cette allégation c’est la pierre angulaire de la politique unilatérale de Israël et la base nécessaire pour justifier la poursuite de l’occupation en ignorant les intérêts des Palestiniens. Les inquiétudes, les palestiniens, la plaçaient dans la peur de recevoir des pressions de la part d’Israël et de la communauté international pour empêcher la participation à l’élection de l’Hamas. Ils considéraient qu’entraver la participation d’Hamas à l’élection limiterait la démocratie et pourrait apporter plus de violence sur le terrain.
D’autre part ils évaluaient que l’Hamas aussi rejoindrait l’intérêt d’Israël d’entacher la légitimité de l’élection. L’Hamas en raison de n’avoir un projet politique de gouvernement, ni la possibilité d’être majoritaire lors de l’élection. Les faits récents : attentats de l’Hamas, assassinats ciblés d’Israël, impossibilité pour les palestiniens de faire la campagne électorale à Jérusalem, confirment ces inquiétudes.
Il est indispensable que la communauté internationale cesse de cautionner la bantoustanisation de la Palestine. La société civile doit redoubler ses efforts pour encourager les gouvernements à faire pression sur l’Etat d’Israël et sur sa politique unilatérale d’occupation des territoires palestiniens.
Carmen Gazi – Mouvement de Coopération International
17ème mission civile du Collectif Urgence Palestine – CUP