Anice, comment est né PAIS?

« En 1998, il m’est arrivé une expérience capitale. Alors que j’étais pasteur dans une petite communauté rurale des environs du Cap, un de mes collègues est venu m’apporter cinq cochonnets avec une truie avec comme seule explication : « prends en soin pour moi s’il te plaît ». Cette démarche m’a beaucoup dérangé au début : j’étais pasteur, pas éleveur de porcs ! J’avais déjà de la difficulté à mener mon travail à bien et à nourrir ma famille. Alors nourrir encore des cochons et leur consacrer tant de travail !«
« J« ’ai voulu rendre les cochons au bout de quelques mois. C’est alors que ma femme est intervenue et m’a dit qu’elle s’en occuperait, elle. C’est ce qu’elle a fait patiemment pendant de longs mois. De mon côté, je ne voulais plus en entendre parler. On est venu m’expliquer qu’en fait, c’était un homme d’affaires qui nous distribuait les cochons. Quarante de mes collègues pasteurs en avaient reçu, mais au bout de quelques mois, tous les porcs étaient morts. Seul le nôtre, grâce aux soins avisés de ma femme, survivait.«
« Et au bout de quelques mois, nous avons eu des porcelets… Nous en comptions 45 au bout de deux ans. Je les ai redistribués à mes voisins, en leur expliquant cette fois comment faire et pourquoi le faire… Enfin, c’était plutôt ma femme qui pouvait le faire ! Car c’est grâce à elle que nos cochons n’avaient pas subi le même sort… Grâce aux revenus issus de la vente de certains petits cochons, j’ai pu scolariser mes fils aînés«
« Et au bout de quelques mois, nous avons eu des porcelets… Nous en comptions 45 au bout de deux ans. Je les ai redistribués à mes voisins, en leur expliquant cette fois comment faire et pourquoi le faire… Enfin, c’était plutôt ma femme qui pouvait le faire ! Car c’est grâce à elle que nos cochons n’avaient pas subi le même sort… Grâce aux revenus issus de la vente de certains petits cochons, j’ai pu scolariser mes fils aînés. »
« J’ai alors appris deux choses : d’une part, que le dialogue au sein de la famille est très important, et qu’il faut y considérer la place de la femme. Ensuite, que les gens ici ont besoin d’un accompagnement pour valoriser les ressources et les faire fructifier. C’est sur ces bases que PAIS est né : il faut s’asseoir avec sa femme, avec son voisin, pour améliorer les conditions de vie de notre famille, de notre communauté, et un jour, de notre pays. Nous avons donc créé une première association autour d’un projet d’élevage, où 50% des revenus allait au propriétaire du cochon, 25% à celui qui s’en occupait et 25% à des personnes dans le besoin. Nous avons ainsi pu aider de nombreuses personnes sinistrées lors du cyclone de 2000«
Anice : Tu es donc pasteur..?.
« mais PAIS est une organisation laïque, n’est-ce pas ?«
« S’il y a un problème avec l’évacuation des eaux dans un quartier par exemple, il faut tous y réfléchir. Car le moustique ne va pas piquer que les catholiques, ou que les protestants. Si nous voulons améliorer les conditions de vie de notre pays, il faut s’y mettre tous.«
Peux-tu nous présenter brièvement ton équipe ?

« Tout d’abord, il y a le comité qui est composé de 15 personnes bénévoles, et dont le président s’appelle Eliot Norestin. L’équipe exécutive quant elle est conformée par Kettlie, qui s’occupe du projet de l’atelier de couture et du microcrédit, Edline et Vanette. Edline est venue rejoindre notre équipe après le séisme du 12 janvier, car peu avant cet événement, elle obtenait son diplôme en sciences du développement à l’Université de Port au Prince.«
« Après le séisme, elle a été recueillie par Eliot ici au Cap. Elle s’occupera du projet agricole que nous voulons mettre sur pied à Grande Ravine. Quant à Vanette, elle est chargée de projets du côté de Mapou, notre autre lieu d’action. »