Récupération des territoires traditionnels, Province de Rio Negro
Le peuple Mapuche habite depuis des temps immémoriaux dans la Patagonie argentine. Malgré cela, depuis la guerre contre l’indigène, menée à la fin du XIXe siècle par le gouvermentnational soi-disant pour consolider les frontières intérieures, ce peuple ancestral s’est vu forcé à vivre comme étranger dans son propre territoire.
Dès lors, la situation d’instabilité domaniale fomentée par la législation et les faits du gouvernement pendant plus de 100 ans, a empêché le peuple Mapuche d’initier et de mener à bien des projets de développement auto suffisants, soutenables et respectueux de la nature comme le veulent leurs principes philosophico-sociaux.
Bien au contraire, les presque 10.000 paysans Mapuches qui vivent dispersés dans les terres les moins fertiles de la province (les flancs de la Pré-Cordillère et la steppe semi-désertique) subissent actuellement une économie qui dépend du marché international et qui est basée sur l’élevage à petite échelle des brebis et des chèvres (entre 40 à 200 animaux par famille).
À cela s’ajoute le travail temporaire dans les fermes avoisinantes, le travail domestique rémunéré à l’heure et l’élaboration et la vente de produits artisanaux, qui leur permettent péniblement de satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. Le revenu par famille ne dépasse pas 1000/1200 dollars annuels.
La chute du prix de la laine au cours des 10 dernières années qui s’ajoute à l’impossibilité d’introduire des innovations technologiques pour rendre leurs produits plus compétitifs a provoqué l’aggravation sensible de la situation d’exclusion sociale de ces communautés.
En 1994, le statut légal des Peuples Indigènes en Argentine change. L’état reconnaît alors, à travers une réforme constitu-tionnelle, le droit légitime des peuples Indigènes à la possession et à la propriété des terres qu’ils occupent traditionnellement (Territoires traditionnels-communautaires) et le droit à la reconnaissance et à la préservation de leur identité culturelle. Ces innovations légales s’insèrent dans les droits des Peuples Indigènes qui sont en de se développer dans le contexte international (ONU, OIT, UNESCO et OEA).
Dans ce nouveau cadre légal, le Conseil Assesseur indigène (CAI), organisation politique qui rassemble les communautés Mapuche établies dans la province de Río Negro (Patagonie), ont commencé à coordonner des actions collectives visant à récupérer leurs Territoires traditionnels communautaires.
Peu de temps après, le CAI a pris conscience que leur démarche se voyait limitée par:
- la carence d’études techniques et juridiques nécessaires pour donner suite à leurs pétitions ou pour défendre leurs territoires;
- le manque de démarcation et mesurage des terres qu’ils occupent ou qu’ils utilisent traditionnellement ;
- le manque de cadres professionnels et techniques dans leurs organisations ;
- le manque d’accès aux moyens technologiques numérisés (PC, traitement de données, etc).
En conséquence, le CAI s’est donné comme stratégie, la formation d’un Groupe de Travail (GT) intégré à la fois, par leurs cadres communautaires les plus compétents et par des professionnels universitaires solidaires avec leur cause politique et sociale, pour que, sous sa direction et contrôle politique, ils puissent :
- Récupérer les Territoires occupés traditionnellement par les communautés participantes.
- Obtenir la reconnaissance légale et les titres de propriété de ces territoires.
- Sensibiliser la société civile et les fonctionnaires de l’Etat sur ces mêmes droits.
- Récupérer la mémoire historique et la culture Mapuche.
Avec le but concret de :
- Initier et contrôler professionnellement les processus de récupération et d’obtention de titres de propriétés des Territoires Traditionnels.
- Améliorer les connaissances et la capacité critique, réfléchie et stratégique de leurs dirigeants et militants communautaires et acquérir des connaissances spécialisées.
- Permettre aux communautés participantes de prendre conscience de leurs Droits.
- Créer un Centre de documentation sur les questions indigènes à niveau régional.
La stratégie consiste en la consolidation d’un travail en réseau pour pouvoir coordonner : l’action directe dans les zones rurales de récupération des territoires Mapuche, et le travail administratif, juridique et de diffusion effectué par les groupes de collaborateurs dans les centres ou se trouvent les organismes de l’Etat, de juridiction locale et provinciale.
Pour pouvoir arriver a cet objectif, on prévoit l’installation de sept points de liaison qui mettront en rapport la campagne et la ville dans un travail collectif, interdisciplinaire et inter culturel. L’objectif ultime étant de permettre au Peuple Mapuche de la région de devenir autonome au plan du développement social, politique et culturel.