Première mission d’Edith Kolo au cap Haïtien
par Christiane Escher 5 juin 2010
C’est envoyés par EIRENE – à la demande de PAIS en Haïti, relayé par le MCI à Genève – que Mario et Joëlle sont partis depuis février 2010 au Nord d’Haïti dans une région rurale près du Cap Haïtien et travaillent maintenant dans le Programme d’Appui à l’Insertion Sociale.
Edith Kolo, responsable d’EIRENE vient d’effectuer sa première mission là bas et donne ci-dessous ses premières réactions dans un mail.
En quelques phrases brèves elle arrive à dire avec des mots nouveaux ce que nous savons tous déjà et que nous avons pourtant besoin de ré-apprendre sans cesse : l’impérieuse nécessité de la formation des personnes humaines et la libération qui s’ensuit et qui ne s’arrête plus quand l’être humain, les communautés humaines ont compris leur valeur et leur dignité. C’est le point de départ de tout développement. Ce sont d’abord et avant tout les personnes et les communautés humaines qui font leur développement pas à pas dans la vie concrète de tous les jours, puis solidairement reliées à d’autres, de façon de plus en plus large, souvent dans une longue lutte contre beaucoup d’adversités.
Tout le reste et surtout l’appui financier n’est que complémentaire.
Edith a pu être témoin d’un de ces instants lumineux, dans une petite communauté humaine, apparemment si loin de tout, et pourtant…
Merci Edith
…grande ravine Cap Haïtien
Je vous raconterai Port au Prince, le délabrement, les tentes, les ONG omniprésentes, la Minustha…
la ville bouillant de vie
Le silence des pierres
là je suis au Cap Haïtien, avec Joëlle, Mario et Léo…à PAIS..
…..Je rentre d’une belle journée, dense mais irrésistiblement paisible, et pleine d’espoir.
Première note d’espoir perçue depuis 4 jours….en fait…
En arrivant après 1h30 de marche sous les bananiers…..80 personnes assises, venues de toute la communauté…pour faire une évaluation des groupes de paroles ( projet finance par les fonds d’urgence de Mario et Joëlle)
Quatre groupes de parole ont été constitue il y a deux mois, chacun avec 20 personnes, les 2/3 des victimes directes du séisme, revenues en province…les autres des familles d’accueil.
Quatre rencontres pour parler des émotions liées au séisme, de l explication scientifique du séisme, du syndrome post traumatique, du deuil et de son cycle….
Un espace inédit….offert dans un lieu improbable…
Pour la première fois l’émotion m’a envahie…de voir toutes ces personnes se levant, nous remerciant, expliquant que grâce a la formation elles ont compris qu’elles n’étaient pas des punis de Dieu, que le séisme n’est pas de leur faute mais un phénomène explicable scientifiquement. Qu’elles ne sont pas coupables.
Si cette action ne devait avoir ” que” ce résultat….ce résultat est au delà de nos attentes.
Et puis, cette communauté qui s’est mobilisée pour construire elle même une route, pour lui permettre de vendre enfin ses productions a la ville, ne plus ressentir l isolement, cette communauté qui demande un appui technique pour l’aider a se ” développer” parle de responsabilité qu’elle a dans son développement.
Hommes, femmes, vieilles personnes, traumatises, demandent en créole d’être formes, revendiquent le droit d’avoir accès au moins a la formation, même s’ils sont recules de tout le reste.
je pense a ceux qui ne croient pas au développement participatif
je pense à la frontière tenue entre le néant et l’espoir
je pense au rôle de la religion
je pense au pouvoir de la manipulation de l’esprit
” Puisque Dieu n’a pas voulu le séisme et ne nous a pas puni …
… c’est lui qui a voulu cette formation,
pour qu’on comprenne qu’il ne nous a pas puni”
Tout est bien complexe ici,
ici comme ailleurs
ici plus qu’ailleurs?
je vous embrasse
Edith