La réussite des forgerons de Baucau

L’exemple des forgerons de Baucau est, à ce titre, particulièrement éclairant.
Depuis de nombreuses années, le CDC (Centre Communautaire de Développement) a établi un partenariat avec un groupe de trois forgerons composé d’un maître et de deux assistants. Comme souvent dans ce corps de métier, leur travail consistait essentiellement à produire des couteaux et des machettes, leurs procurant un revenu faible et aléatoire.


Par Olivier Langoisseux  3 septembre 2009


Avec le CDCet la FAO (Food and Agriculture Organisation), ces trois personnes ont commencé à former des groupes de forgerons sur les treize districts. L’objectif était d’enseigner la fabrication de silos à grain en zinc pour stocker les récoltes et éviter les avaries naturelles. Ce fut ensuite la fabrication de décortiqueuses manuelles de maïs.

Le temps passant, la confiance s’est établie et le CDC a proposé aux groupes de forgerons de développer l’outillage (pelles, bêches, pioches, râteaux, etc.)

Avec le support du ministère du Travail et de l’ OIT (Organisation Internationale du Travail), le CDC a organisé une formation pour six autres groupes de forgerons de Baucau. Ces groupes initiaux ont ensuite formé huit autres, spécialisés dans la production d’outillages, dans quatre districts voisins…
Les personnes formées deviennent elles-mêmes formateurs en partageant leur expérience.

Travail pour la paix et pour la nation

Le CDC a ainsi joué un rôle clé lors des programmes nationaux Serbisu Nasaun – travail pour la nation – et Servisu ba dame – travail pour la paix.

En effet, les groupes de forgerons ont produit et fourni au gouvernement plusieurs milliers d’outils pour l’entretien des communes et des rues ainsi que pour la rénovation du réseau routier.
Les groupes de producteurs de charbon de bois ont eux aussi dû se multiplier et s’organiser pour suivre la demande des forgerons. Un grand nombre de jeunes apprentis ont également participé à la production. Ainsi depuis plus d’une année, une centaine de personnes ont bénéficié de revenus entre soixante et quatre vingt dollars par mois, alors que plus de 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté de 0.50 US$ par personne par jour.

Les groupes de forgerons de Baucau ont aujourd’hui constitué une association, BSPC (Black Smith Community Production).
Ils ont enregistré; leur entreprise auprès du ministère de l’Industrie et du Commerce, avec l’espoir d’être suivis par les autres groupes des districts.

Ils ont également réussi à obtenir un soutien de la part de l’Unité de réduction de pauvreté du Bureau présidentiel: matériel pour la production d’outillage, nouvel atelier de production, détaxe sur le matériel de production importé, inscription sur la liste des fournisseurs officiels pour les programmes nationaux.

Ce dernier point est étroitement lié à la campagne publique « Made in Timor» du CDC, qui prône et demande que soient accordées protection et priorité à tout ce qui pourrait être produit localement au Timor, par rapport aux produits importés.

Dans la même ligne de pensée, le CDC travaille avec des groupes de femmes pour la production et la transformation alimentaire. Chacun de ces groupes possède une diversité de produits proposés par catalogue.

Aujourd’hui le CDC fait partie des 19 ONG locales reconnues comme centre de formation professionnel au niveau national.

L’atelier Vision et Mission, et l’élaboration de la stratégie et du programme sur cinq ans marquent une des étapes finales du processus d’autonomisation du CDC et, par là même, la fin, après sept années, d’un accompagnement international journalier sur le terrain.